La gale est une maladie de peau d’origine parasitaire, causée par un acarien microscopique qui creuse des sillons dans l’épiderme pour y pondre ses œufs. Elle peut se présenter sous différentes formes, dont les deux principales sont la gale commune et la gale croûteuse. Bien qu’elles soient provoquées par le même parasite, ces deux formes n’ont pas le même impact sur la santé, ni la même présentation clinique. Cet article vise à expliquer clairement ce qui les distingue, en termes de symptômes, de contagiosité, de population à risque et de traitement.
La gale commune : une forme fréquente mais généralement bénigne
La gale commune est la forme la plus courante de cette infestation parasitaire. Elle se transmet par contact direct et prolongé avec la peau d’une personne infectée. La contamination peut également se faire par l’intermédiaire de vêtements, de literie ou de serviettes, surtout en milieu collectif.
Les symptômes apparaissent généralement deux à six semaines après l’infestation. La principale manifestation est une démangeaison intense, surtout la nuit. Elle est due à une réaction allergique aux déjections et aux œufs de l’acarien. Sur la peau, on observe des sillons caractéristiques, souvent localisés entre les doigts, sur les poignets, les coudes, les fesses ou encore les organes génitaux.
La gale commune est très contagieuse, mais elle reste relativement facile à traiter. Un traitement topique à base de perméthrine, ou un traitement oral à l’ivermectine, permet généralement une guérison complète en quelques jours. L’entourage proche doit également être traité de manière préventive, même en l’absence de symptômes, afin d’éviter une recontamination.
La gale croûteuse : une forme grave et hautement contagieuse
La gale croûteuse, aussi appelée gale hyperkératosique ou gale norvégienne, est une forme rare mais beaucoup plus sévère de la maladie. Elle survient le plus souvent chez des personnes immunodéprimées, âgées, souffrant de troubles neurologiques ou de handicaps physiques, notamment en cas d’hygiène difficile.
Contrairement à la gale commune, la gale croûteuse se caractérise par une prolifération massive d’acariens sur la peau. On peut compter jusqu’à plusieurs millions de parasites chez un patient atteint, contre quelques dizaines dans la forme classique. Cette charge parasitaire exceptionnelle rend la maladie extrêmement contagieuse, même sans contact direct prolongé.
Les lésions cutanées sont également très différentes : la peau devient épaisse, croûteuse, recouverte de squames blanchâtres, et les démangeaisons sont parfois absentes ou discrètes. Les lésions peuvent s’étendre à tout le corps, y compris le visage, le cuir chevelu, les ongles et le dos.
Des diagnostics souvent confondus
La gale croûteuse est souvent mal diagnostiquée, surtout en institution ou chez les personnes âgées. Elle peut être confondue avec des maladies dermatologiques chroniques comme le psoriasis ou l’eczéma. Cette confusion retarde le traitement et favorise la propagation de l’infection à d’autres résidents ou membres du personnel.
Le diagnostic repose sur l’examen clinique, l’analyse des lésions au microscope et parfois une biopsie cutanée. La reconnaissance précoce de cette forme grave est essentielle pour prévenir une épidémie, notamment en milieu hospitalier ou en EHPAD.
Un traitement plus complexe pour la gale croûteuse
Le traitement de la gale croûteuse est plus lourd et plus long que celui de la gale commune. Il combine généralement l’application de produits acaricides sur tout le corps (comme la perméthrine) et l’administration d’ivermectine par voie orale, souvent à plusieurs reprises. La desquamation de la peau, les ongles atteints et les zones difficiles d’accès compliquent l’élimination complète des parasites.
En parallèle, une désinfection rigoureuse de l’environnement est indispensable. Cela comprend le lavage du linge à haute température, l’isolement du patient, le traitement de l’ensemble des personnes exposées et parfois la fermeture temporaire d’un service ou d’un établissement.
Des conséquences collectives plus lourdes
La gale commune, bien que gênante, reste une maladie bénigne dans la majorité des cas. En revanche, la gale croûteuse peut provoquer des épidémies graves, notamment en collectivité. Elle nécessite des mesures sanitaires strictes, un suivi médical renforcé et une mobilisation importante du personnel de santé.
Des cas ont été rapportés où des établissements entiers ont dû être placés sous surveillance épidémiologique après l’apparition d’un seul cas de gale croûteuse. La capacité de cette forme à se propager rapidement et à infecter un grand nombre de personnes en fait un enjeu de santé publique dès lors qu’elle est détectée.
En résumé : deux formes, deux réalités
La gale commune et la gale croûteuse sont toutes deux causées par le même acarien, mais leurs conséquences diffèrent profondément. La gale commune reste fréquente et relativement facile à soigner lorsqu’elle est détectée tôt. En revanche, la gale croûteuse est une forme grave, très contagieuse, qui nécessite une prise en charge rapide, coordonnée et rigoureuse.
La vigilance des professionnels de santé, des aidants et des familles est essentielle, notamment auprès des personnes vulnérables. Une identification rapide des symptômes, un traitement adapté et une désinfection de l’environnement sont les clés pour éviter les complications individuelles et les risques collectifs.


