La gale est une affection dermatologique provoquée par un acarien minuscule mais redoutable : le Sarcoptes scabiei. Ce parasite creuse des galeries dans la peau humaine pour y vivre, s’y reproduire et provoquer des lésions parfois très inconfortables. Les démangeaisons qu’il déclenche peuvent être intenses, surtout la nuit, et s’accompagnent de lésions secondaires dues au grattage. Le traitement médical repose généralement sur l’application d’une crème acaricide ou la prise de comprimés antiparasitaires. Toutefois, ce volet thérapeutique n’est pas suffisant. Il doit impérativement être accompagné d’une désinfection des objets personnels et du linge, afin d’éviter toute recontamination. Dans ce contexte, une question revient fréquemment, aussi bien chez les particuliers que chez les professionnels de santé : à quelle température doit-on laver les vêtements pour tuer le parasite de la gale ?
La réponse est capitale, car elle détermine l’efficacité de l’élimination du parasite en dehors du corps humain. En effet, le sarcopte est capable de survivre plusieurs jours hors de l’épiderme, notamment sur les textiles qui conservent la chaleur, l’humidité et les squames de peau. Il est donc essentiel de traiter les vêtements, draps, serviettes et autres tissus en contact avec le malade, sous peine de relancer le cycle d’infestation. Dans cet article, nous allons expliquer en détail pourquoi une température précise est indispensable, comment elle agit sur le parasite, quels types de vêtements sont concernés, et quelles alternatives existent lorsque certains textiles ne peuvent pas être lavés à haute température.
Le sarcopte : un parasite sensible à la chaleur
Le Sarcoptes scabiei est un parasite vivant exclusivement sur l’homme. Il dépend du corps humain pour se nourrir, se reproduire et maintenir ses fonctions vitales. Son métabolisme est adapté à la température du corps, environ 36 à 37 °C. Dès qu’il est séparé de son hôte, il devient vulnérable aux variations thermiques, à la sécheresse et à la lumière. La chaleur excessive, en particulier, est une condition létale pour lui. C’est pourquoi le lavage à haute température est un outil redoutablement efficace pour tuer ce parasite.
Les études scientifiques et les recommandations des autorités de santé s’accordent sur un seuil thermique minimal : 60 °C. C’est à cette température que les protéines vitales du sarcopte se dénaturent, provoquant sa mort quasi instantanée. Le lavage du linge à 60 °C assure donc la destruction totale du parasite, à condition que le cycle de lavage soit complet (au moins 30 minutes) et que la température soit maintenue tout au long du cycle. Cette exigence concerne tous les vêtements portés dans les 72 heures précédant le traitement, les draps, les taies d’oreiller, les pyjamas, les sous-vêtements, et de manière générale tout textile ayant été en contact avec la peau.
Il ne faut pas se fier à la simple notion de propreté : un vêtement peut sembler propre, sentir bon, mais héberger encore des parasites vivants. Seule la température garantit la destruction mécanique et biologique du sarcopte. Les lessives classiques, même les plus puissantes, ne suffisent pas à elles seules à tuer le parasite si la température est insuffisante. Il est donc fondamental de comprendre que l’élément déterminant, ce n’est pas le détergent, mais bien la chaleur.
Les textiles à laver impérativement à 60 °C
Une fois le diagnostic de gale posé et le traitement entamé, il convient de recenser tous les textiles en contact direct avec la peau dans les trois jours précédents. La règle des 72 heures s’explique par le fait que le sarcopte peut survivre en dehors du corps humain pendant cette durée, dans des conditions optimales d’humidité et de chaleur. Parmi les éléments à traiter, on trouve bien entendu les vêtements du quotidien : tee-shirts, chemises, pantalons, sous-vêtements, pyjamas, chaussettes. Mais il ne faut pas oublier les vêtements de nuit, les peignoirs, les tenues de sport, les vêtements de maison, ou encore les écharpes, gants, bonnets et autres accessoires textiles portés à même la peau.
Il est également indispensable de laver à 60 °C tout ce qui concerne la literie : draps, taies, housses de couette, couvertures légères, protège-oreillers, et, si possible, les housses de matelas. Tous ces textiles doivent être lavés en machine à la température recommandée, et il est fortement conseillé de faire sécher le linge au sèche-linge chaud si l’on en possède un, ou à l’air libre mais dans un lieu bien ventilé et ensoleillé. Le repassage à haute température peut constituer une mesure supplémentaire, notamment pour les tissus épais ou difficilement lavables.
Le linge de bain n’est pas en reste : serviettes, gants de toilette, tapis de bain, et même rideaux de douche en tissu doivent être passés à 60 °C. Les torchons et maniques de cuisine sont également à inclure dans la liste, surtout si la personne infestée a manipulé des aliments ou des objets de cuisine sans protection.
Enfin, dans les logements collectifs ou partagés, il est préférable d’appliquer ce protocole à tout textile ayant pu être en contact avec un membre du foyer, même s’il ne présente pas encore de symptômes. La prévention passe par l’anticipation.
Que faire des vêtements qui ne supportent pas 60 °C ?
Dans la vie quotidienne, tout ne peut pas être lavé à haute température. Certains textiles délicats, comme la laine, la soie, ou les fibres synthétiques sensibles, risquent de rétrécir, de se déformer ou de s’abîmer de manière irréversible s’ils sont passés à 60 °C. Faut-il pour autant les jeter ou prendre le risque de les conserver ? Heureusement, il existe des alternatives sûres pour désinfecter ces vêtements sans lavage à haute température, tout en assurant la destruction du sarcopte de la gale.
La méthode la plus couramment utilisée est celle du sac hermétique. Elle consiste à isoler les vêtements non lavables dans un grand sac plastique parfaitement fermé, pendant une durée de 72 heures minimum. Le principe est simple : privé de chaleur corporelle, d’humidité et d’oxygène renouvelé, le sarcopte meurt naturellement. Cette méthode est efficace, économique et pratique, à condition de respecter scrupuleusement les délais. Certains spécialistes recommandent même de laisser les sacs fermés pendant 4 ou 5 jours, pour éliminer tout doute.
Une autre solution est l’utilisation de la vapeur sèche, qui permet d’atteindre des températures élevées sans immerger les textiles. Certains appareils à vapeur domestiques ou professionnels peuvent atteindre les 100 à 120 °C, ce qui est largement suffisant pour tuer les parasites en quelques secondes. Il convient de passer lentement la buse sur toute la surface du vêtement, en insistant sur les zones épaisses, les coutures et les plis, où les sarcoptes peuvent se cacher.
Enfin, il existe dans le commerce des sprays acaricides textiles, conçus pour tuer les parasites présents dans les tissus sans avoir à les laver. Ces produits, souvent à base de perméthrine ou de substances similaires, doivent être utilisés avec précaution, en respectant les doses et les temps de séchage. Ils sont particulièrement utiles pour les chaussures, les sacs, les casquettes ou les vestes en matière délicate, qui ne peuvent ni être lavées à 60 °C ni facilement isolées.
Ainsi, aucun textile ne doit être négligé. Il existe toujours une solution adaptée pour détruire le parasite, quelle que soit la nature du vêtement. L’essentiel est de ne jamais remettre un textile potentiellement infesté sans traitement, même si l’on a suivi un protocole médical rigoureux. Car un seul sarcopte vivant peut suffire à relancer l’infestation.
Pourquoi la température est un élément central dans la prévention
La température de lavage n’est pas un simple détail technique. C’est un paramètre central dans la lutte contre la gale. Elle représente l’arme la plus accessible et la plus efficace pour éliminer les parasites dans les textiles. En fixant le seuil à 60 °C, les autorités sanitaires ne laissent pas de place à l’approximation. C’est à cette température que la structure biologique du sarcopte est irrémédiablement détruite.
Comprendre cela permet d’éviter certaines erreurs fréquentes. Beaucoup de personnes pensent que laver à 40 °C suffit, ou que rajouter de la javel ou du vinaigre dans l’eau de lavage compensera une température trop basse. Il n’en est rien. Le parasite peut résister à 40 °C, même en présence de détergents puissants. Il peut survivre à une lessive « à froid » même prolongée. Seule une température minimale de 60 °C garantit une élimination systématique.
Cette exigence s’explique aussi par la résilience du parasite. Le sarcopte a évolué pour survivre dans les conditions corporelles, et il peut rester infectieux plusieurs jours en dehors du corps humain. C’est pourquoi le facteur thermique est déterminant dans la rupture du cycle parasitaire. Il faut donc s’assurer, lorsque l’on lance une machine, que le programme atteint réellement la température voulue. Certains cycles « éco » ou « express » promettent 60 °C mais n’atteignent que 50 à 55 °C en moyenne. Il est recommandé de vérifier les spécifications de la machine, voire d’utiliser un thermomètre de cuve si l’on veut en avoir le cœur net.
Par ailleurs, le temps d’exposition à la température est tout aussi important. Il ne suffit pas d’atteindre 60 °C brièvement. Il faut maintenir cette température pendant au moins 30 minutes, idéalement 45, pour assurer la mort complète des parasites, y compris les œufs. Cela implique d’éviter les programmes trop courts ou partiels.
Le lavage thermique : un geste barrière fondamental
On parle souvent de gestes barrières pour prévenir les infections. Dans le cas de la gale, le lavage thermique des vêtements en est un. Il ne protège pas seulement la personne infestée, mais aussi tous les membres de son entourage, en éliminant les parasites présents dans l’environnement. C’est un acte de prévention essentiel, au même titre que le traitement médical, l’isolement temporaire ou l’information des contacts.
Lorsqu’un cas de gale est détecté, tout l’entourage doit être informé et sensibilisé à l’importance de laver le linge à 60 °C, dès le premier jour du traitement. Ce réflexe permet d’interrompre immédiatement le cycle infectieux et d’éviter que d’autres personnes ne soient contaminées. Il protège aussi les patients eux-mêmes d’une recontamination par leurs propres vêtements.
Dans les foyers, les internats, les crèches ou les maisons de retraite, ce geste peut faire la différence entre un simple cas isolé et une épidémie collective. Il est donc de la responsabilité des familles, mais aussi des établissements, de mettre en place un protocole de lavage rigoureux dès l’apparition du premier cas. Le linge propre doit être stocké à part, dans un endroit isolé. Le linge en attente de lavage doit être séparé du reste, et manipulé avec des gants si possible.
C’est cette logique d’organisation sanitaire, basée sur un simple paramètre – la température – qui permet de contenir la gale rapidement et efficacement. Elle repose sur une science accessible à tous, mais trop souvent oubliée : la biologie du parasite et sa sensibilité à la chaleur.


